LA CATALOGNE : IDENTITÉ NATIONALE ET RELATIONS INTERNACIONALES
(Une contributions à la creation de l’identité européenne au-delà du niveau des états)
M. Àngel Cortadelles i Bacaria
Directeur Général des Relations Internationales – Gouvernement de la Catalogne
90ème anniversaire du Cercle Catalan
Marseille, 30 octobre 2008
1. L’IDENTITÉ CATALANE EN EUROPE
2. RELATIONS INTERNATIONALES DE LA CATALOGNE
a. Le nouveau Statut d’autonomie
b. Le Secrétariat aux Affaires Extérieures
c. Priorités de la politique extérieure catalane
3. LES LIENS AFFECTIFS ET LA DIPLOMATIE PUBLIQUE
4. RELATIONS AVEC LA FRANCE
a. Le cadre de l’espace catalan transfrontalier
b. Le cadre de la coopération transfrontalière et interrégionale
c. Le cadre de l’agenda bilateral
5. CONCLUSION
L’IDENTITÉ CATALANE EN EUROPE
La Catalogne a forgé une identité propre depuis le moyen âge. Il s’agissait, dès lors et maintenant, d’une identité européenne. C’est en s’ouvrant vers l’Europe que la Catalogne a vécu les périodes les plus brillants de son histoire et c’est en Europe que la Catalogne a trouvé des lueurs dans les périodes les plus sombres.
La Catalogne a vu naître le premier Parlement d’Europe et, déjà au XIème siècle, toutes les autorités catalanes se sont rassemblées dans une ville actuellement française pour parler de la paix en Europe. La « Generalitat », nom de l’institution de gouvernement de la Catalogne, existait déjà au XIVème siècle.
En 1714, suite à la victoire des partisans de la dynastie des Bourbons à la guerre de succession espagnole, toutes les institutions catalanes furent supprimées. Grâce au maintien de son identité et de ses aspirations politiques, la Catalogne récupéra son autonomie pendant la II République espagnole, en 1932, mais cette période fut brève car la guerre civile (1936-39) et la dictature du général Franco (1939-75) supprimèrent à nouveau l’autogouvernement jusqu’à la récupération de la démocratie en Espagne à la fin des années 70.
Mais je ne suis pas ici pour faire un cours d’histoire sinon pour parler de notre présent et de notre avenir commun.
Aujourd’hui la Catalogne a une place particulière en Europe. Avec une population de sept millions d’habitants, elle a un PIB similaire à celui de la Finlande, l’Irlande ou la Hongrie.
Aujourd’hui la Catalogne a une ambition européenne plus forte que jamais. Le nouveau Statut d’autonomie en vigueur, approuvé par referendum en juin 2006, est le premier texte constitutionnel qui fait de l’appartenance à l’Union européenne l’un des traits constitutifs de l’espace politique et géographique de référence pour la Catalogne. Le Statut élargit aussi ses compétences, notamment en ce qui concerne l’action européenne et internationale, et c’est sur ce point que je voudrais concentrer mon intervention.
RELATIONS INTERNATIONALES DE LA CATALOGNE
Le Statut de 2006 prévoit pour la première fois des chapitres spécifiques sur l’action extérieure du gouvernement catalan et à sa participation sur la scène européenne et internationale.
Depuis le début des années 80, le rôle des régions dans le contexte européen a changé radicalement. Les Etats ne sont plus les seuls acteurs dans des forums internationaux et, particulièrement, au sein de l’Union européenne.
En outre, le nombre d’autorités sous-étatiques en Europe a augmenté substantiellement, grâce aux processus de décentralisation dans plusieurs Etats membres de l’UE, et la création des nouveaux canaux d’influence dans la prise de décisions au sein de l’UE, comme le Comité des Régions, même si son étendue est mitigée.
Bien que les relations internationales restent une compétence des Etats, les autorités sous-étatiques jouent un rôle de plus en plus important.
Le nouveau Statut d’autonomie
Le Statut confère à la Generalitat le devoir d’impulsion de la projection de la Catalogne à l’extérieur et la promotion de ses intérêts dans ce domaine, dans le respect de la compétence de l’Etat en matière de relations extérieures. La Generalitat peut aussi mener des actions de projection extérieure en vertu de ses propres compétences.
En ce qui concerne les relations avec l’Union européenne, le Statut reconnaît, notamment, que la position exprimée par le gouvernement de la Catalogne est déterminante dans la formation de la position de l’Etat quand il s’agit des matières sur lesquelles la Catalogne a une compétence exclusive. En outre, il prévoit la participation du Parlement de la Catalogne aux procédures de contrôle des principes de subsidiarité et de proportionnalité.
Le Statut offre plusieurs instruments en matière d’affaires extérieures:
– l’ouverture des délégations à l’extérieur,
– la signature d’accords de collaboration, dans le domaine de ses compétences, avec d’autres régions ou Etats,
– et la participation aux organisations de coopération transfrontalière et interrégionale.
Le Statut prévoit également le devoir d’information à la Generalitat par l’Etat quand il s’apprête à signer des traités internationaux sur des matières qu’affectent directement les compétences de la Catalogne, et le droit de participation de la Catalogne au sein des organisations internationales, notamment l’UNESCO.
Finalement, le Statut responsabilise la Generalitat de la promotion de la projection internationale des organisations sociales, culturelles et sportives de la Catalogne, et de la promotion des liens avec les communautés des catalans à l’extérieur, dont ma présence aujourd’hui ici n’est qu’un petit exemple.
Le Secrétariat aux Affaires Extérieures
Je vais exposer maintenant les priorités de la Catalogne dans le domaine des relations internationales.
Le gouvernement actuel a pris possession après les élections au Parlement de la Catalogne en novembre 2006, formé par une coalition de trois partis (Partit Socialiste, Esquerra Republicana de Catalunya et Iniciativa per Catalunya-Verds). Considérant les caractéristiques distinctes des relations extérieures et des affaires de l’Union européenne -qui peuvent être considérés aujourd’hui comme des affaires domestiques- le gouvernement catalan a établi deux structures distinctes.
Le Secrétariat à l’Union européenne, rattaché au Département de la Présidence, est responsable des relations de la Catalogne avec les institutions communautaires, réalise de suivi des politiques du gouvernement relatives à l’UE et coopère avec el gouvernement central dans le but de définir les positions espagnoles dans les affaires européennes. Il est aussi responsable de la délégation du gouvernement auprès de l’Union européenne, qui a son siège à Bruxelles.
Le Secrétariat aux Affaires Extérieures, rattaché au Département de la Vice-présidence, a pour but la promotion et coordination de la politique extérieure de la Generalitat. Le Secrétariat est structuré en trois Directions Générales, d’accord avec les différents domaines d’action : DG Relations Internationales, dont je suis le titulaire, DG Coopération au développement et Aide humanitaire, et DG Projection international des organisations catalanes.
Priorités de la politique extérieure catalane
L’objectif prioritaire du gouvernement catalan est de faire de la Catalogne un acteur de premier niveau dans la scène internationale. Les politiques menés pour atteindre cet objectif sont les suivantes.
En premier lieu, nous travaillons pour développer des relations avec des gouvernements régionaux et nationaux européens et du reste du monde. Pour des raisons historiques, culturelles et économiques, les pays prioritaires pour l’établissement des relations ont été traditionnellement la France (dont je vais en parler plus en détail tout à l’heure), le Portugal, le Maroc et l’Andorre.
Nous développons des relations également avec d’autres pays importants d’un point de vue économique et des relations commerciales : l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l’Italie mais aussi les Etats Unis, le Japon, l’Inde et la Chine.
Finalement, nos relations avec certains pays d’Amérique (le Mexique, l’Argentine et le Chili) sont basées sur les liens « affectifs » qui nous unissent, et que je vais détailler un peu plus tard.
Le gouvernement de la Generalitat veut aussi renforcer ces relations par l’ouverture des nouvelles délégations à l’extérieur. Significativement, la première a été celle de Paris, inauguré il y a tout juste un an, suivi de Berlin, Londres et, très prochainement, New York. Dans d’autres pays prioritaires y travaillent déjà des représentations économiques et culturelles.
En ce qui concerne la coopération régional, la Catalogne est engagée dans la promotion du rôle des autorités sous-étatiques en Europe. Elle participe des réseaux tels comme REGLEG (Conférence des Régions avec Pouvoir Législatif), la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP), l’Association des Régions Frontalières d’Europe (ARFE), l’Assemblée des Régions d’Europe (ARE), la Conférence des Régions Périphériques et Maritimes (CRPM) et l’association des Quatre Moteurs pour l’Europe, avec nos partenaires de Lombardie, Baden-Würtemberg et Rhône-Alpes.
Toujours dans le domaine régional, nous soutenons pleinement le projet de l’Eurorégion Pyrénées-Méditerrané et l’Espace Catalan Transfrontalier. Ces projets sont une contribution unique et irremplaçable pour la construction de l’Europe réelle, de l’Europe sans frontières, pensée pour les citoyens.
Dans le domaine de la coopération au développement, le but est la consolidation de cette politique, avec une augmentation progressive des ressources pour arriver à y dédier 0,7% des ressources propres de la Catalogne en 2010.
Aussi dans ce domaine, la Catalogne a développé un modèle propre de coopération décentralisée, tant institutionnel que du point de vue des ONGs.
Finalement, le Secrétariat aux Affaires Extérieures travaille pour consolider les relations gouvernementales avec le système des Nations Unies, en particulier avec l’UNESCO. Le gouvernement catalan a déjà signé des accords avec d’autres organismes (FAO, PNUD, UNICEF…) et fonds des Nations Unies. On peut souligner que la Catalogne a été le premier gouvernement sous-étatique à signer un accord pluriannuel avec la Campagne des Objectifs du Millénaire.
LES LIENS AFFECTIFS ET LA DIPLOMATIE PUBLIQUE
Tout à l’heure je vous ai parlé des « liens affectifs » qui nous unissent avec certains pays. Pour quoi cette dénomination ? Pourquoi sont si importants ces liens ?
La Catalogne a toujours été un pays de voyageurs, dû à notre fructifère tradition commerciale. Aujourd’hui on peut trouver une empreinte, ou encore une présence catalane, non seulement en Méditerranée mais aussi partout dans le monde.
Pendant le XVIème et XVIIème siècle, malgré l’interdiction de commerce avec l’Amérique depuis les ports de la Catalogne, des nombreux commerçants catalans avaient déjà des traits avec les états actuels du centre et sud de l’Amérique.
Quand cette interdiction fût levée au XVIIIème siècle, la présence catalane aux Caraïbes et en Amérique du sud s’est renforcée. Il ne devrait pas être surprenant, donc, que des personnalités catalanes aient joué un rôle dans la naissance des gouvernements américains du XIXème siècle ou que derrière la composition des hymnes nationaux, comme celui du Mexique, puisse-t-on trouver des auteurs catalans.
Outre les raisons commerciales, les catalans ont aussi émigré lors des périodes de pénurie économique ou pour des raisons politiques. La France, en particulier, les localités du sud, ont connu le triste épisode de la sortie d’autant de familles catalanes après la défaite républicaine lors de la guerre civile espagnole. Les comités d’entraide organisés par les catalans résidant en France à l’époque furent exemplaires dans les efforts pour palier les souffrances de la guerre.
Ces mouvements civils ont forgé une ancienne fraternité avec toute une série de territoires. C’est la raison pour laquelle nous parlons des liens affectifs qui basent nos relations avec ces pays. Les communautés catalanes à l’extérieur, soient-elles nommées « casals », « centres » ou « cercles » catalans, sont la vive expression de ces liens affectifs, au même temps qu’elles constituent, avec d’autres organisations non gouvernementales, un important instrument des relations internationales que nous avons aussi à portée.
Cette présence catalane montre que la Catalogne, n’ayant pas un service diplomatique, a néanmoins un grand réseau de diplomatie publique, c’est-à-dire, toute une étendue d’acteurs non étatiques qui contribuent à la connaissance et la reconnaissance de la Catalogne à l’extérieur.
Le Cercle Catalan de Marseille est un bon exemple de ceci. Des entités comme la votre ont contribué d’une façon décisive au maintien et diffusion de la culture, la langue et la réalité catalanes dans notre histoire récente et sont un référent de la Catalogne dans le monde. Et ceci sur la base de l’associationnisme et le volontariat, de la force de notre société civile.
Aujourd’hui il y a plus d’une centaine de communautés catalanes, établies dans quarante pays, et qu’affrontent des nouveaux défis. Au delà des activités traditionnelles, elles peuvent devenir un point de repère pour les, à chaque fois plus nombreux, catalans et catalanes qui décident d’effectuer un séjour à l’étranger dans le but d’un développement personnel ou professionnel. Elles sont aussi un élément incontournable de la stratégie d’internationalisation et présence de la Catalogne dans le monde et dans tous les domaines.
RELATIONS AVEC LA FRANCE
Je vais me concentrer maintenant sur les relations entre la Catalogne et France, qui sont prioritaires pour le gouvernement catalan.
Des éléments de base tels que le long parcours et le grand volume des échanges de toute sorte, entre la Catalogne et la France, leur relation de proximité, la connexion transfrontalière entre société civile, le tourisme, entre autres, montrent que des fortes relations se développent très intensivement, de façon naturelle et spontanée, entre la France et la Catalogne.
Au-delà des échanges culturels et historiques établis de forme continuée et prolongée dans le temps, la Catalogne et la France collaborent à d’autres niveaux, aussi essentiels.
Un des domaines les plus importants d’échange, est le commercial. La Catalogne exporte en France pour une valeur de presque 9.000.000 milliers d’euros annuels (8.937.917,2 milliers d’euros en 2007) et la valeur des importations françaises en Catalogne se situe autour des 7.500.000 milliers (7.697.042,8 milliers d’euros en 2007), résultant en soldes commerciaux positifs presque continus.
Ainsi même, le taux de participation de la Catalogne dans le total des mouvements commerciaux de l’Espagne avec la France, reste autour du 28,4% en ce qui concerne les exportations et du 24,7% par rapport aux importations. Les produits échangés appartiennent plutôt au secteur secondaire ou industriel.
Les principaux produits que la Catalogne exporte en France regardent les automobiles et accessoires, les appareils, les components, le matériel électrique et les plastiques.
À son tour, entre les principaux produits importés par la Catalogne depuis la France nous trouvons produits tels que des réacteurs nucléaires, des chaudières, des machines, des appareils composants, machinerie et plastiques ou les véhicules et composants d’automobiles.
Les échanges humains restent, néanmoins, l’un des principaux atouts de notre relation bilatérale. La proximité entre la France et Catalogne, l’intensification d’échanges et relations de proximité et surtout le profil de plus en plus international de la Catalogne et de sa capitale, Barcelone, ont attiré la résidence de beaucoup de français en Catalogne. Aujourd’hui on calcule qu’environ 60.000 français habitent en Catalogne. Une chiffre qui s’est doublée pendant les dernières dix dernières années.
Cette affluence de citoyens français en Catalogne a généré des nouvelles besoins parmi la communauté française qui habite en Catalogne, notamment dans les domaines de l’accueil d’enfants, les familiers dépendants et l’éducation.
Inversement, le nombre de catalans en France s’est aussi notablement accru pendant les dernières années. La France est le pays qui accueille le plus grand nombre de catalans résidant à l’étranger. Les recensements officiels en comptent 17.000, ce qui constitue le 15% du total mondial.
Ce phénomène est dû, entre autres, à la généralisation de programmes d’études et échanges, tels que le programme Erasmus, qui ont ouvert les portes à un véritable échange entre les secteurs jeunes de la population.
Le tourisme constitue un des domaines où les relations entre la Catalogne et la France sont plus intenses. La France est le principal marché émetteur de touristes vers la Catalogne: des 15.478.000 visiteurs étrangers en 2007, 4.275.000 étaient des français. Et plus de la moitié des français qui ont passé des vacances en Espagne se sont rendus en Catalogne.
Certes, la proximité géographique encourage les déplacements routiers des touristes des régions du sud de la France mais aussi les 265 vols directs par semaine entre France et Catalogne, ce qui attire aussi les Français d’Ile de France ou de Haute Normandie.
Sans doute ces relations identifient la France en tant qu’état prioritaire pour l’action extérieure du Gouvernement de la Catalogne. Ainsi, dès le Secrétariat aux Affaires Extérieurs, aussi bien que dès la Délégation du Gouvernement de la Catalogne en France, nous travaillons activement avec les autorités françaises et le corps diplomatique et consulaire accrédité en Espagne, afin de maximiser ses relations, consolider les projets initiés et soutenir des initiatives dans ce cadre de travail.
En ce sens, les échanges institutionnels constituent une partie essentielle de cette tache car ils apportent l’impulsion politique nécessaire pour la consolidation de nombreuses initiatives. Il s’agit d’échanges de différent type :
– Ceux du corps consulaire et diplomatique accrédité en Espagne, avec les représentants du Gouvernement de la Catalogne ;
– les visites institutionnelles, telles que la visite de l’ancienne Ministre aux Affaires Européennes de France en décembre 2006 ;
– les contactes institutionnels de la Délégation du Gouvernement de la Catalogne en France avec les autorités françaises, d’autant à niveau d’état que régional ou local
– ou les visites d’autorités catalanes en France, telles que la celle de la commission interdépartementale d’immigration les derniers 11 et 12 février 2008.
Au-delà de ces impulsions politiques, la structuration opérative des relations entre la Catalogne et la France s’organise en trois niveaux:
─ des relations dans le cadre d’un espace catalan transfrontalier
─ des relations dans le cadre de la coopération transfrontalière et interrégionale
─ des relations dans le cadre d’un agenda bilatéral
Le cadre de l’espace catalan transfrontalier
Le 25 juin 2008, le Vice-président du Gouvernement de la Catalogne et le Président du Conseil Général de Pyrénées-Orientales ont signé un accord en référence à la constitution du dit Espace Catalan Transfrontalier ou Eurodistricte.
Il s’agit du troisième accord spécifique pour l’application de l’Accord de Coopération Transfrontalière 2006-2009 qui a été signée à Perpignan le 29 juin 2006.
Parmi les actions qui s’en dérivent, on trouve le développement d’un service commun d’aide à des projets transfrontaliers en matière de santé, transports, communications, etc. ainsi que la création d’un comité de suivi chargé d’exécuter le projet d’Eurodistricte, qui a par objectif articuler et renforcer l’espace commun.
La création de l’Eurodistricte se justifie par la nécessité de rendre plus agile la prestation des services transfrontaliers tels que les transports interurbains, les services postaux, les télécommunications locales, etc.
Dans ce cadre, il faut tout particulièrement faire référence à l’hôpital transfrontalier de Puigcerdà qui est le premier en Europe conçu pour offrir des services des soins indistinctement aux citoyens résidant des deux côtés de la frontière.
Le cadre de la coopération transfrontalière et interrégionale
La coopération transfrontalière entre la Catalogne et la France s’encadre dans la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP) et l’Eurorégion Pyrénées-Méditerranée.
Les trois sujets prioritaires de cette coopération transfrontalière sont :
– les infrastructures et, plus concrètement, l’arrivée du TGV à Perpignan. Dans ce but, se sont déroulées des actions politiques et contacts institutionnels au plus haut niveau ainsi que le développement d’études d’impact ;
– la création du Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) de l’Eurorégion, formée par la Catalogne, Îles Baléares, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ;
– la gestion du Programme Opérationnel Espagne-France-Andorre 2007-2013, dont le consortium de la CTP est l’Autorité de Gestion ;
– les émissions audiovisuelles;
Au niveau de la coopération interrégionale, nous sommes en train de développer des relations bilatérales plus approfondies avec, bien sûr, nos voisins de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, mais aussi avec les régions de Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec lesquelles des nouvelles possibilités peuvent s’ouvrir résultant de l’amélioration des communications terrestres.
Le cadre de l’agenda bilateral
Les principaux sujets travaillés dans le cadre de l’agenda bilatéral sont les suivants :
– Promotion de la langue française en Catalogne, avec des actions dans le domaine de l’enseignement de la langue française, la signature d’un mémorandum d’entente, l’amélioration de l’enseignement du français et de la culture française, la coopération entre institutions françaises et catalanes qui travaillent sur ce sujet, son utilisation à effets de la gestion du phénomène migratoire ou la promotion de l’utilisation du français au niveau publique.
– Coopération en matière de recherche, avec des mesures pour renforcer la coopération scientifique entre des universités et des centres de recherche catalans et français, envisageant actions dans le cadre de la mobilité des chercheurs, de l’amélioration de la connexion entre acteurs de la recherche, de la promotion de la coopération entre entreprises privées et centres de formation et recherche ou la promotion des clusters.
– Immigration et intégration, dans le cadre d’échanges bilatéraux de bonnes pratiques, l’organisation d’initiatives conjointes de recherche ou des actions ponctuelles dans le domaine du dialogue interculturel.
– Coopération policière.
– Coopération au développement : introduction dans le scénario français afin de connaitre les actions, méthodes et instruments de la coopération au développement d’autant de l’état français que des régions françaises.
– Action sociale et citoyenne : intérêt pour un échange de bonnes pratiques sur la modernisation du droit social.
– Agriculture : marché prioritaire pour la Catalogne, s’envisagent initiatives dans le domaine de l’alimentation méditerranéenne et sa reconnaissance dans le cadre de l’UNESCO.
– Culture : échange d’informations.
– Droits de l’Homme : collaboration pour la revalorisation des réseaux des routes de l’exil, spécialement en commémoration de 1939.
– Éducation : reconnaissance de curriculums, signature d’accord de collaboration, mesures d’implémentation d’une impulsion à l’enseignement du français en Catalogne, mesures de promotion d’échanges dans le cadre de la formation professionnelle.
– Environnement : suivi des processus de consultation publique afin d’établir un échange de bonnes pratiques.
– Santé : spécial attention aux centres et méthodes de traitement du cancer.
– Jeunesse : mesures pour l’amélioration de la mobilité internationale.
– Tourisme : promotion touristique de la Catalogne en France, évaluation des politiques françaises de tourisme de wellness, entre autres.
C’est la multiplicité et la diversité de sujets qui constituent le cœur des relations entre la Catalogne et la France, ainsi que leur longue trajectoire et transformation ce qui a généré une évolution dans le modèle d’action extérieure que la Catalogne a suivi avec la France et en France.
Le Gouvernement de la Catalogne, avec présence en France depuis 1998, a installé à Paris un bureau de représentation avec un model de projection extérieure, plutôt destiné à faire connaître la Catalogne.
Dix ans après, la Délégation du Gouvernement de la Catalogne en France a été créée, avec une ambition politique nouvelle. Il s’agit maintenant d’une représentation institutionnelle et de coordination de l’action extérieure de la Catalogne en France. La Délégation apporte son soutien au Secrétariat aux Affaires Extérieures dans le développement des relations bilatérales, sans oublier les relations avec des organisations internationales qui ont son siège en France, en particulier l’UNESCO.
CONCLUSION
Après deux décennies d’autogouvernement, dans le contexte d’un monde globalisé et interdépendant et d’une Europe de plus en plus unie, la mise en œuvre d’une politique extérieure ambitieuse est une question d’importance majeur pour une nation sans Etat comme la Catalogne.
Ceci est fondamental parce que la pleine reconnaissance de notre réalité nationale a son origine dans la reconnaissance internationale, spécialement en ce qui concerne notre langue et culture propres, et aussi parce que le développement de nos compétences a souvent une composante qui traverse les limites administratifs de nos frontières.
L’identité catalane inspire ainsi notre politique extérieure, des relations avec l’Union européenne et de coopération transfrontalière et au développement. Conscients de nos particularités, nous ne volons pas être un simple spectateur de notre monde mais être aussi un acteur, grâce aux nouvelles possibilités offertes aux gouvernements sous-étatiques dans les relations internationales, aux instruments octroyés par notre Statut d’autonomie et à la volonté politique d’agir dans ce sens.
La continuité et transformation des relations entre la Catalogne et la France et, surtout, les changements dans le cadre et les formats de communication sont le meilleur exemple de l’évolution de la Catalogne en tant qu’acteur international.
Nous voulons une Europe de la citoyenneté, celle qui cherche à résoudre les problèmes quotidiens de ces citoyens en se rapprochant des différents niveaux d’administration. L’identité et l’avenir de cette Europe ne pourra pas avancer si elle ne prend pas en considération toutes les réalités.
La Catalogne a toujours été une partie importante de l’histoire de la construction européenne. Nous sommes le pays ibérique qui depuis toujours a cru et vécu plus profondément l’idée de l’Europe. Maintenant, pour avancer encore plus, nous avons besoin des états et des institutions communautaires sensibles aux réalités des nations sans état comme la Catalogne, au même temps que l’application du principe de subsidiarité nous donne à chaque fois plus d’instruments de service aux citoyens.
Nous espérons, dans ce but, unir des efforts avec tous les peuples de cette Europe, si voulue et, au même temps, si critiquée. Convaincus que nous aimons seulement ce que nous connaissons, dès l’estimation pour notre pays nous sommes pleinement impliqués dans la diffusion de la connaissance de l’Europe pour faire qu’elle soit une réalité bien aimée.
Merci beaucoup de votre attention.
(Laura Alcoverro / Àngel Cortadelles)